Ça y est, après 1 an et 2 mois collés l'un à l'autre sans relâche sauf pour aller aux toilettes, et encore (bon, et en vélo avec Thomas un peu devant, je l'accorde), l'heure est venue de se séparer pour quelque temps...

En effet, suite à notre retour impromptu en Europe, nous avons revus nos projets, et après multiples hésitations et remises en question, l'idée pour le moment est celle-ci : Manon part travailler dans l'Ain, en France de mi - juin à fin août ; Thomas fait des petits boulots et volontariats par-ci par-là, d'abord en Belgique puis en France, pour se rapprocher de Manon et quand même pouvoir se voir quelques week-ends.


La ligne conductrice pour tout ça ? Le vélo pardis ! Pas question de se rendre dans l'Ain en voiture ou en train, on enfourche nos montures et c'est parti !


Cet article est donc dédié à la partie "aventures de Manon".


Cela fait 2 mois que nous sommes rentrés en Belgique. 2 mois, bien que pas extra, moins terribles que ce que j'avais craint du moins. Pendant une grosse semaine, nous avons cassé des murs et ôté du plancher en mangeant de la poussière mais surtout, en découvrant des photos de femmes à poil de magazine des années 80 cachées au dessus d'un faux plafond ou entre 2 lattes de plancher. Sympa...!

Les jours et semaines précédant mon nouveau départ, j'étais partagée entre contente de poursuivre le voyage et l'aventure mais, mine de rien, la difficulté de partir et tout quitter à nouveau. On est rentré mais, confinement oblige, je n'ai pas eu l'occasion de revoir grand monde.. Et puis, ce n'est pas mon départ idéal, mais c'est un départ quand même. D'un côté, le fait de se séparer momentanément avec Thomas ne m'enjaye pas, alors que notre projet de base était de partir 2 ans ensemble. Par contre je suis curieuse et contente de vivre l'expérience de voyager seule à vélo, même si ce n'est que pour une dizaine de jours.

J'ai profité de ces mois d'arrêt forcé pour remettre mon vélo en ordre : nouveau pneu, chaîne, fourche (le retour en avion aillant fendue l'ancienne..), et même nouvelle selle, après un an de douleurs fessières, je me décide enfin ! Je suis donc parée au départ !


Au moment de quitter la Belgique, les frontières ne sont pas encore ouvertes. Thomas m'accompagne jusqu'à Olloy-sur-Viroin, non loin de la frontière française, où sa tante Danielle, Paul et toute la tribu Ransquin nous accueillent. On reste une journée en plus sur place, histoire de découvrir la région à pied et de profiter des derniers moments à 2.


Arrive le jour fatidique des aux revoirs. On pédale quelques kilomètres ensemble avant de se séparer, au bord de la route, les yeux embués de larmes. Ça fait tellement bizarre de se quitter, même si ce n'est pas pour très longtemps !

C'est seule que je poursuis ma route, vers la frontière. Les kilomètres qui précèdent celle-ci, je croise plusieurs panneaux signalant "route barrée", "frontière fermée". Mais à la frontière de cette petite route de campagne, pas un chat.

Soit dit en passant, la route m'a mené au centre géographique de l'Europe des 15.


Les 4 premiers jours seule, je suis l'Eurovelo 19, qui longe la Meuse au début et puis, ne s'en éloigne jamais beaucoup jusqu'à arriver à sa source, à une trentaine de kilomètres de Langres.

Première expérience seule en voyage à vélo, pas très long mais petit voyage quand même. Ça se passe bien, le plus bizarre ce sont les pauses de midi en solitaire sans la compagnie de mon beau brun. La route est belle, sur pistes cyclables ou petites départementales sans traffic. Puis, chaque soir, je suis plus que bien accueillie par mes hôtes. On passe la soirée à discuter et manger (très important pour les cyclos !). A Domremy-la-Pucelle (ce nom me fait beaucoup rire au passage), village natale de Jeanne d'Arc pour l'instant culture générale, je me retrouve quand l'orage éclate, devant le camping municipal, vide et fermé... Au bout du compte, après avoir interpellé des villageois, je me retrouve au sec dans... Une famille belge et qui connaît les parents de Thomas qui plus est ! Vaindju, que le monde est petit. Et qu'est-ce qu'on mange ? Des frites !

À Langres, ville perchée entourée de remparts, je me pose dans un camping à l'intérieur de ces derniers, avec une belle vue sur les plaines environnantes. C'est dans ce décors que, pour la première fois depuis le Nicaragua, voire le Honduras, je remange enfin et à ma grande joie, les fameuses pâtes au ketchup ! 4e jour en solo, je m'y habitue et je prends goût à être seule, aussi bien la journée que la soirée.

Aujourd'hui, des villageois m'ont proposé de voir l'alambique lors de ma pause midi. Je ne savais pas ce que c'était mais j'ai dit oui, évidemment. Il s'agissait d'une phase dans la conception de leur alcool maison, à base de mirabelle dans leur cas.

Je suis aussi passée par la source de la Meuse : dire que ce petit pipi de chat deviendra un grand fleuve !

Jusqu'à ici, j'ai croisé plus de vaches que d'habitants.. Il est vrai que les villages se vident au fil des ans, les jeunes préférant s'installer ailleurs mais en plus, il y a vraiment beaucoup,beaucoup de vaches ! Certaines sont tellement bodybuildées que ça me pose question: tant de muscles en passant sa journée à brouter, cela ne me semble pas très naturel..

En plus des vaches, il y a les mouchettes... Si elles ne se coincent pas dans ton œil pendant que tu roules, c'est dans ta bouche qu'elles s'engouffrent sans demander leur reste. Bien joué les filles.


Étape suivante, Dijon. Saviez-vous qu'en plus d'être une sortie d'autoroute pour les vacanciers belges, il s'agit d'une bien jolie ville ?

Pas besoin d'aller à l'autre bout du monde pour rencontrer de belles personnes et de belles marques de confiance : une famille ne me connaissant absolument pas m'accueille via Warmshower alors qu'ils ne rentrent que tard le soir : ils laissent les clés à leur voisine pour que je les récupère et m'installe dans leur appartement.

De Dijon, une journée viticole m'attend, je roule au milieu des vignes une bonne partie de la journée, en passant dans des villes ou villages tels que Beaune et leurs beaux toits en tuiles vernissées.

On voit que le frontières au sein de l'Union Européenne ont réouvert, le camping est plein de camping-cars hollandais !

Enfin, après une matinée le long de la Saône, me voici à Uchizy, village de ma chère tante Anne. Il n'était pas concevable de faire le trajet sans m'y arrêter quelques jours ! Cela fait plaisir de passer du temps avec elle et François, mon cousin.


Le temps passe vite et c'est avec un petit pincement au cœur que je les quitte et repars seule et vers l'inconnu en entamant ma dernière ligne droite vers le plateau d'Hauteville. Arrêt à Bourg en Bresse pour m'inscrire à l'ordre des kiné (les joies des démarches administratives) et enfin, la montée ultime jusqu'à Hauteville-Lompnes. Un peu redoutée mais pas si terrible que ça après nos 133 306m de dénivelé positif lors de l'année écoulée.

En partant en période de deconfinement, j'appréhendais un peu la réaction et l'accueil des gens croisés sur ma route. Quelle ne fut pas ma surprise de ne croiser que des personnes ouvertes, bienveillantes et accueillantes!

Verdict après 10 jours de vélo ? Maloku n'est presque plus Maloku car avec ma nouvelle selle, je n'ai pas eu trop Maloku. Euh, mal au cul.

Et voilà, après 1 an et 3 mois sans bosser, il est l'heure de s'y remettre, pour quelques mois du moins! Retour à la vie sédentaire pour ce temps-là. 



Trajet en chiffres :

- Nombre de jours de vélos : 10

- Nombre de kilomètres : 872,37 km

- Nombre d'heures en selle: 48h03