(Manon)

Cela fait maintenant plus de 2 mois que je mène une vie sédentaire, une vie classique en quelques sortes.

Les semaines précédant mon départ pour l'Ain et le retour au travail ont été sources de remises en question incessantes. En effet, j'avais cherché un remplacement, le temps que la pandémie sévissant se calme un peu et d'espérer par la suite, pouvoir reprendre la route, le voyage. En apprenant que finalement les frontières intraeuropéennes allaient réouvrir, la tentation était forte de laisser tomber le CDD et de repartir de suite à bicyclette.

D'autres raisons rendaient mon choix difficile, notamment le fait de se séparer de Thomas (mooooh, c'est beau l'amour !!), de me rendre dans ce que certains qualifieraient de "trou de cul du monde" , le tout sans voiture et avec mon seul vélo pour me locomorer. (Je vous laisse vérifier vous-mêmes si ce mot existe au dictionnaire).

Au final, je vous spoile déjà avant la fin de l'article, mais je suis contente de ma décision d'être venue ici. Ce fut une belle expérience, de chouettes rencontres et la région vaut le détour pour qui aime la nature. Et puis, ne le dites pas à Thomas mais au final, je me suis rendue compte que cela fait du bien de se retrouver un peu seule. Bien que je me réjouis de le retrouver !

Depuis le 22 juin, j'ai donc entamé un CDD dans un centre de rééducation à Hauteville-Lompnes, sur le plateau d'Hauteville, dans le Haut-Bugey. Tous ces noms ne vous parlent probablement pas mais je vous avais prévenu, c'est un peu perdu ici.

Pour la petite parenthèse culturelle, Hauteville, située à une altitude de 850m environ fut au début des années 1900, réputée pour ses nombreux sanatoriums (établissements spécialisés dans les traitements de la tuberculose). Elle est aussi réputée pour sa pierre locale qui s'exporte dans le monde entier. L'Empire State Building, le socle de la statue de la liberté, la Maison Blanche, le palais impérial du Japon. Tous ces monuments utilisent dans leur construction la pierre d'Hauteville. Comme quoi, bled peut-être mais pas n'importe lequel. Même le casino de Blankenberge en Belgique l'utilise, c'est pour dire !

Pour en revenir au centre de rééducation, il s'agit d'un centre traitant autant de cas en neurologie qu'en traumatologie. Personnellement  j'aurai surtout suivi des patients venant suite à la mise en place de prothèses de hanche ou de genou mais aussi quelques polytraumatisés, AVC, parkinsoniens, opération du dos ou de l'épaule,... Les prises en charge n'étaient pas les plus variées, du moins, à mon goût et la moyenne d'âge s'envolait bien haut.

Point de vue organisationnel dans l'établissement, ce n'est pas la joie et ce contrat m'a permis de me rendre compte que le travail pyramidal, avec directeur, sous-directeur, cadre et tout le tsoin-tsoin, ce n'est pas trop mon truc, du moins pas ici et avec cette organisation-là.

Il est clair qu'en plus, en temps de covid, la période est particulière. Pour les patients, les règles de visites sont strictes, les sorties interdites, ce qui pèse sur l'ambiance.

Mais le gros point positif de mon passage ici ce sont les collègues rééducateurs ! Une chouette, jeune et folle équipe d'ergothérapeutes, apa (activités physiques adaptées), psy et kiné. J'ai eu de la chance de tomber sur ces collègues-là !

Pendant ces 2 gros mois, je suis partie explorer la région pour ainsi dire chaque week-end, que ce soit seule avec l'une ou l'autre collègue ou avec Thomas qui me retrouvait pour quelques jours. Ainsi, à 2 nous avons été bivouaquer dans les Alpes et visiter Lyon. Avec Mathilde et Carla (des collègues) se joignant à nous, nous avons fait le tour du lac du Bourget en vélo, en y intercalant une via ferrata et  en enchaînant avec un concert endiablé (le 1er concert depuis si longtemps) de Sly Sugar, un groupe réunionais qui nous a conquis. La preuve: le week-end suivant on est retourné les voir à un autre endroit. Nouvelles groupies attitrées bonjour !

Sinon, on peut ajouter aux week-ends d'autres randonnées seule ou en compagnie, d'autres bivouacs. Citons notamment une très belle randonnée le long des crêtes du Jura, précédée d'une nuit à la belle étoile où nous nous sommes fait surprendre par la pluie, sans avoir de tente avec nous. Bah oui on voulait randonner léger...

On a aussi retrouvé ma chère maman et 2 de mes tantes le temps d'une randonnée et j'ai profité de ne pas être trop loin de chez mon cousin Simon pour passer voir sa belle petite famille.

Avec des week-ends ainsi chargés, j'avais l'impression d'être en vacances chaque vendedi soir, le temps de 2-3jours !

Les soirs de semaine ont aussi eu leur lot de beaux moments. Il y a eu d'un côté les moments gustatifs: repas chez l'un ou l'autre, goûters, apéros,... Mais aussi les moments plus sportifs : vélo, escalade en rocher, via ferrata, canyoning, slackline. C'est le top d'être là en été et de pouvoir profiter des joies naturelles des environs.

Mon contrat touche maintenant à sa fin. Plus que quelques jours et Fred, un ami, vient me faire coucou avant de quitter Hauteville ensemble.

Pour la suite c'est le grand point d'interrogation... Durant plus d'un an, nous avons eu la chance d'être sur la même longueur d'ondes pour ainsi dire en permanence. Aujourd'hui, nos aspirations divergent pour le futur proche: Thomas aimerait se poser et s'installer, tandis que Manon souhaiterait poursuivre le voyage encore un peu avant de passer à cette étape. Pas forcément pour très longtemps, mais le retour d'Amérique a été tellement brutal qu'elle souhaiterait pédaler encore un peu pour ne pas rester avec un sentiment d'inachevé et de frustration.

Affaire à suivre dans les jours à venir donc!

(Pour plus de photos, aller voir l'album "France" dans les onglets ici à gauche :) )