Eh voila, pour Thomas, le voyage est vraiment fini.. Il rentre en Belgique et va commencer à travailler.

Pour Manon, pendant ce temps, c'est le champ de bataille mental pour savoir que faire: on a la grande chance d'être libre mais liberté rime souvent avec choix et dieu sait que Manon et les choix, ça ne fait pas bon ménage... Les possibilités sont multiples comme: continuer de voyager à vélo seule et en fonction de où le Covid le permet; rentrer en Belgique elle aussi; pourquoi pas trouver un remplacement sur l'île de la Réunion ou ou ou,...


Le 10 septembre, Thomas prend le train pour rentrer au plat pays et je (Manon) continue le vélo, pas à pas, sans savoir si je repars pour 1 semaine ou 2 mois, si je pars à la Réunion ou non après ça. Qu'advienne que pourra!


Première étape: traverser les Alpes françaises d'Ouest en Est jusqu'à Aoste, en Italie, où Justine, une grande copine me rejoint.

Au programme, 3 jours et beaucoup beaucoup de dénivelé mais aussi, des paysages magnifiques. Mes jambes trinquent mais la vue tout du long en vaut la chandelle. En 150km, ce ne sont pas moins de 4.760m de dénivelés positifs avalés... Ca ne vous parle probablement pas trop mais en gros, ça fait beaucoup!

Petite anecdote moins drôle, lors de la montée d'un des cols, j'ai été dépassée toute la matinée par des voitures de rallyes, toutes plus bruyantes et pétardantes les unes que les autres me doublant à toute vitesse. Autant dire que mes tympans en ont pris un coup, mes poumons aussi et que j'ai eu le temps de râler et d'être révoltée contre ces égoïstes de "m'as-tu vu" qui polluent pour 20 juste pour faire les malins. Et on s'étonne que le réchauffement climatique accélère sans cesse.. Je rêvais que des journalistes m'interviewent sur le rallye et de pouvoir leur dire mes 4 vérités en face (à voir si j'aurais osé^^). Vive le vélo!

Parenthèse rouspétage faite, qui dit reprendre le voyage à vélo, dit rencontres. Ainsi, je croise 2 autres cyclistes, les "jumeaux d'Alsace" qui pédalent sur la route des Alpes du Nord au Sud eux et le tout, sans argent... Jusque là, ça marche! On roule un bout de chemin ensemble.

Arrivée en haut d'un col après 33km de grimpette (dont 12 km de déviation, chouette, encore plus de montée!), un couple retraité belge remarque mon petit drapeau patriote accroché à mon vélo. Ils m'invitent à leur chalet pour le soir même, youpie!

Dernier col, celui du petit Saint Bernard avant de passer en Italie. A partir de là, cela ne fait que descendre jusque Aoste, les kilomètres défilent les doigts dans le nez (et sur les freins aussi). Les paysages sont superbes là aussi: je suis de retour dans la vallée, entourée de montagnes, avec de temps en temps, un glacier ou sommet enneigé qui pointe le bout de son nez dans les hauteurs alors qu'en bas, les terres sont plus sèches et je roule le long de vignes.


C'est avec joie que je retrouve Justine, avec qui on va pédaler une petite semaine, sur la Via Francigena. On avait lu que l'Italie est réputée pas très "bike friendly" (ami des vélos pour la traduction), et que la voiture y est reine mais avec cet itinéraire cycliste balisé, on ne passe que sur des toutes petites routes voire sur des chemins de pierre, de sable ou de terre, loin du trafic, dans les flaques et la gadoue. On passe de la vallée encaissée, aux vignes puis aux longues étendues de rizières, en passant à côté de vestiges romains ou en pédalant sur d'anciennes voies romaines.

Arrivées à Pavia, on prend le train jusque Gènes d'où Justine aura son bus pour rentrer. On ne s'attarde pas dans la ville mais profite plutôt d'être sur la côte pour encore rouler un jour et demi le long de la mer, agrémenté de pauses baignades, la belle vie. Je suis contente de partager avec elle 2 expériences warmshowers, qui ont été une partie non négligeable de notre voyage en Amérique.


6 jours, ça passe vite, il est déjà temps pour Justine de partir. De mon côté, c'est toujours le flou total pour la suite, je décide de continuer dans un premier temps à longer la côte, direction les fameuses Cinque Terre.

Cette partie de la côte est nettement plus vallonnée, ça monte et descend pas mal, je traverse plein de villages aux façades colorées. Je fais l'erreur de descendre à l'un des villages des Cinq Terres à vélo... La descente est archi raide et pour repartir, je n'ai pas d'autre choix que de tout remonter, à moins que je ne décide de partir à la nage, Maloku sur mon dos. Dans le village, situé dans le parc national, impossible de trouver un camping ou un habitant qui veuille bien que je plante ma tente chez lui, le camping sauvage est interdit et en plus, plusieurs personnes me parlent d'un animal dont je n'ai pas retenu le nom italien mais qui rôde la nuit et ils n'ont pas l'air d'être très rassurés à l'idée que je dorme avec cet animal dans les parages. Bref, je finis par me prendre une petite chambre, faute d'autre solution, au 2e étage d'une ruelle étroite en escaliers -> le top du top quand on a un vélo de plus de 40kg (sacoches comprises) à monter avec nous et sans autre paire de bras pour nous aider. Le côté positif de l'affaire, c'est que depuis plus d'un an, mes jambes travaillent dur et là, mes bras ont l'occasion d'enfin travailler un peu à leur tour. Le lendemain, le temps est venu de remonter la fameuse côte... Et quelle côte! Je ne sais pas quelle en était l'inclinaison mais c'était aussi fatigant de pousser mon vélo chargé que de pédaler! J'ai donc opté pour la solution pédaler et faire une pause toutes les 3 minutes.

A l'arrêt suivant, je ne me suis plus fait avoir et j'ai plutôt laissé mon vélo en haut pour descendre jusqu'au village en randonnant dans les vignes plongeant dans la mer. J'ai plus profité ainsi!

Je termine mon passage en Italie à Portovenere, au Sud des Cinq Terres, où je reste 3 jours avant de rentrer au pays. Durant ces 3 jours, je me réacclimate déjà à la météo qui m'attend en Belgique: pluie, pluie et pluie. Ce n'est pas le temps le plus propice pour explorer les environs mais passer les matinées dans ma tente me suffit amplement, les après-midi, je m'aventure au-dehors, marcher dans la région, visiter le village et bien entendu, profiter de dernières baignades en mer! Ce n'est pas la pluie qui m'en empêchera mouahahah!


Ca y est, un train jusque Gênes et un long trajet en bus pour faire Gênes-Bruxelles, et je suis de retour dans ma chère patrie!

(Soit-dit en passant et tout à fait hors contexte mais je ne savais pas où placer cette phrase, les glaces italiennes, ce n'est pas un mythe!)


Après des semaines d'hésitations et d'incertitudes, et sans réponse favorable pour la Réunion, j'ai en effet finalement choisi de rentrer à mon tour au pays. Cela a été assez dur pour moi émotionnellement et mentalement ces derniers temps, avec des remises en questions incessantes, des plans qui changent chaque jour, ce qui m'a épuisé. Je suis donc, d'une certaine façon, soulagée de rentrer et d'avoir pris une décision. Je me réjouis de revoir mes amis, ma famille et TomTom évidemment!


Avant les changements de plan dûs au Covid, je n'aurais jamais imaginé partir voyager seule à vélo. "Une femme, seule, à vélo..." "Tu n'as pas peur?". Je suis contente (et un peu fière aussi) d'en avoir fait l'expérience, même si ça n'a pas la même saveur que de pédaler avec son bien-aimé. (Mooooooh <3 cette phrase cul cul)


Presque un an et demi sur la route... Des souvenirs, rencontres, paysages et aventures plein la tête. C'est une belle page qui se tourne, non sans un petit pincement au cœur. Mais plein de belles choses nous attendent encore, c'est sûr!


Hauteville (France)- Portovenere (Italie) en chiffres :


- Nombre de jours de vélos : 12

- Nombre de kilomètres roulés : 935,33 km

- Nombre d'heures en selle: 61h05

- Dénivelé positif : 12 540 m

-Altitude max: 2 188 m

-Vitesse maximale: 61,75 km/h