Nous vous avions laissé à Guerrero Negro, au milieu de cette route toute droite et sans même un petit cactus, dur dur pour le moral. Pour notre nuit là-bas, nous demandons aux pompiers de dormir chez eux, on a entendu qu'en Amérique latine, c'est monnaie courante pour les cyclovoyageurs.

On repart le lendemain sur cette même route monotone et puis, peu à peu, les cactus reviennent et nos yeux s'émerveillent à nouveau des paysages qui nous entourent.

Après des jours dans le désert depuis que l'on a quitté San Felipe et la mer de Cortés, on arrive à San Ignacio, un oasis au milieu de ces terres sèches. Avec ses palmiers, son lac, sa mission jésuite, c'est une bouffée de fraîcheur et d'ombre qui fait du bien. Cette fois, on loge dans notre première "casa de ciclista", un système de logement pour bikers répandu en Amérique latine. C'est l'occasion de rencontrer d'autres amis à 2 roues.

En quittant l'oasis, on a droit au jackpot de la faune du coin: une énorme tarentule, mangeant un scorpion pas moins impressionnant. Flippant direz-vous ? Peut-être mais ce qu'on aime le moins comme animal par ici, ce sont pourtant les chiens. Nous avons déjà eu de belles frayeurs en les voyant s'approcher dangereusement de nos mollets...

De nouveau le long de la mer de Cortés, nos nuits en camping sauvage au milieu des cactus font place aux campings sur la plage. L'une d'entre elle s'avère malheureusement être plutôt un dépotoir avec en plus les jeunes du coin y emmenant leur copine, musique à fond toute la nuit.

On adore vraiment les paysages de la Baja, alliant cactus, montagnes et mer.


Le 9 novembre, on arrive à Loreto, une belle petite ville au centre style colonial. On pense y rester une nuit chez Marco, un hôte couchsurfing avant de reprendre la route. 2 jours plus tôt, on avait vu que plusieurs tours de kayak partaient de Loreto, ils sont attrayants mais bien cher. On décide de tenter quelque chose un peu fou : on se rend dans une agence de kayak, leur explique notre périple et leur propose notre aide en échange d'une réduction pour un tour. A notre surprise, ils ne nous disent pas non, pas oui non plus. Ils en parlent à leur chef et reviennent vers nous dans les jours à venir. En parallèle, Zuly, la collègue de notre ami et hôte Marco nous invite à un Temascal, une cérémonie traditionnelle qui aura lieu dans 2 jours. On reste donc et les jours suivants se passent dans l'excitation de savoir si oui ou non, on pourra faire le kayak.

Arrive le soir du Temascal. Cette cérémonie se déroule dans une hutte de sudation, où l'on sue, comme son nom l'indique. Il y a 4 portes, symbolisant 4 éléments, le feu, le vent, l'eau et la terre. Au fil de la soirée, on fait entrer dans la hutte des pierres volcaniques appelées "abuela" c'est-à-dire grand-mères car elles sont tellement vieilles dans l'histoire de la Terre qu'elles en représentent la mémoire. Ces abuelas, préalablement chauffées à vif dans un feu depuis plusieurs heures sont donc rougeoyantes et brûlantes lorsqu'elles entrent dans la hutte. Au total, 52 pierres entrent et on peut vous assurer que ça chauffe à l'intérieur !! On ne pense pas avoir déjà transpiré autant !!


Le lendemain, toujours pas de nouvelles du kayak, on part avec Marco et d'autres amis se promener dans un canyon, magnifique. Savoir le désert tout proche et se trouver dans cet endroit tout vert nous fascine. On se baigne dans l'eau, saute du haut des rochers et grimpatouille. Après cela, on quitte nos amis et rejoignons Puerto Escondido où Glenn, un américain rencontré au Canada nous offre notre première nuit d'hôtel !!! On profite jusqu'à la dernière minute de l'infrastructure, en particulier de la piscine.

C'est là-bas qu'on reçoit finalement des nouvelles de l'agence de kayak. Ils nous proposent de les aider à nettoyer des kayaks et du matériel dans 3 jours, et en échange, de nous emmener la semaine suivante en kayak, camper sur une île. Nous voilà donc reprenant nos vélos en sens inverse, et retourner chez Marco.

Lors de note journée nettoyage, ça a été très intéressant de découvrir l'envers du décor des excursions de kayak et de voir le travail que cela demande en amont et en aval. Ainsi on a nettoyé des kayaks, des gilets de sauvetage, une centaine de DryBags, 2 tentes et 3 jeeps (un comble pour un cycliste..)


Après avoir essayé en vain de trouver des gens à aider d'ici à notre sortie en mer, on s'occupe comme on peut, entre faire les courses pour Marco et aller à la plage.


Saviez-vous que dans la mer ici on trouve des raies manta, qui se cachent contre le sable et que si vous marchez sur l'une d'elle (cela arrive plus qu'on ne le croit), elle vous pique avec un picot en forme de flèche au bout de sa queue ? Extrêmement douloureux paraît-il. Pour éviter cela l'astuce est de traîner les pieds dans le sable pour avancer.


Notre sortie approche mais le climat en décide autrement : une tempête se dirige vers nous, finalement passe plus à l'ouest mais la pluie elle ne nous rate pas. Il ne pleut normalement que 3 fois par an et aucune infrastructure n'existe pour drainer l'eau : en une nuit les rues de la ville se transforment en rivière, notre tente en lac.. On se marre quand même bien en roulant à vélo dans ces torrents, on rigole un peu moins quand on découvre nos nouvelles chaînes toutes rouillées mais après un bon nettoyage, tout s'arrange.

Et voilà enfin le jour tant attendu ! On sort en mer avec Jorge et Davis. La traversée jusqu'à l'île, normalement calme et sans un remou dans l'eau translucide, est plutôt mouvementée, ce qui n'est pas facile mais nous permet de surfer sur les vagues avec nos kayaks ! On campe sur une plage et mangeons du bon poisson pêché durant la traversée. Le lendemain, réveil matinal pour faire le tour de l'île, toujours sur nos embarcations. On a l'occasion de voir de loin des patto azul (oiseaux vivant uniquement ici et aux galápagos), des otaries à quelques mètres à peine de nous et des dauphins. On découvre aussi plein de nouveaux poissons en snorkeling.

De retour à Loreto et pour notre dernière soirée, Marco et son ciné-club projettent le documentaire Game Changer sur le véganisme. Très intéressant. On en ressort tous les 2 interpellés et motivés, non pas à devenir totalement vegan (d'autant plus qu'en voyage, ce n'est pas chose facile) mais à faire un pas dans cette direction.


Et voilà, après que notre nuit à Loreto se soit transformée en 2 semaines, on se remet finalement en route. Mais pas pour longtemps !

En effet, on a une nouvelle idée derrière la tête : traverser la mer de Cortés à bord d'un voilier pour rejoindre le continent, au lieu de prendre le ferry. Ça risque de prendre un peu de temps à trouver (si on trouve) et pour le coup, on décide de pédaler la première moitié du trajet jusqu'à la Paz et de faire l'autre en stop. D'autant plus qu'on a entendu que cette 2e moitié est sans grand intérêt.

Nous arrivons donc à La Paz, notre dernière étape en Baja California samedi 23 novembre. On est accueilli chez Tuly, où l'on est 11 cyclistes à rester en même temps, son patio est transformé en camping ! Tous ou presque attendent de pouvoir traverser en ferry, qui est déjà complet pour tous les jours à venir. De notre côté, on se tient à notre idée de voilier. Pour se faire, on affiche une annonce à la Marina et surtout, tous les matins depuis maintenant une semaine, on s'y rend à 8h pour laisser un message à la radio :Thomas fait ça à merveille ; on reste ensuite là toute la matinée, boire un café avec les propriétaires des bateaux, espérant y trouver notre futur capitaine.

L'épisode de la pluie et des rues inondées c'est répété ici, quelle folie. Ici, lorsqu'il pleut, tout s'arrête, la ville marche au ralenti. Ce serait la même chose chez nous qu'on n'irait pas souvent travailler !

On a profité du temps pourri pour aller au cinéma, le plus classe qu'on ait jamais eu, et pour seulement 4€ chacun. Sièges larges et inclinables jusqu'à la position couchée, reposes pieds, petites tables, boutons pour appeler le serveur qui peut nous amener une multitude de repas ou snack différents dont de délicieux popcorns au caramel. 


On rêve de réussir notre bateau-stop mais on vous avoue avoir hâte d'être de l'autre côté de la mer, reprendre nos vélos et les découvertes. Après 2 semaines à Loreto, ça devient un peu long cette attente. Si d'ici quelques jours, on est toujours là, on se résoudra à prendre le ferry, en espérant ne pas devoir attendre une semaine encore avant le prochain départ !