Bonne nouvelle, après 14 jours de vélo, 1000km, plus de 10 000 m de dénivelé positif et 5 ours croisés, on est toujours entiers, en santé et amoureux !


Côté Maloku, les 63h de selle ne plaisent pas trop aux fesses de sa cavalière ;

Côté Puduku, il faudrait voir son cavalier qui devient pro dans l'art de baisser son short de vélo tout en continuant à pédaler, pour ne pas le salir en lâchant les gaz.

Et voici enfin Itu, que vous n'avez pas encore rencontré et qui se porte à merveille.

Si on reprend au commencement, notre 1ere étape était la top of the world highway, qui mène en Alaska en suivant les crêtes de montagnes. On entre direct dans le vif du sujet, en montant plus de 1000 m de dénivelé positif en moins de 30 km. Après un jour et demi on arrive à la frontière, qui est toujours fermée, il faudra attendre son ouverture pour la saison le lendemain.

On se souviendra de ce premier passage de frontière ! Tout commence quand Manon doit laisser ses empreintes mais que la machine ne fonctionne pas. Après au moins 30 minutes de chipot, l'affaire est enfin réglée. Vient alors le tour de Thomas, pour qui les empreintes ne posent pas de problème, mais.. La machine à lire les passeport fait des siennes! Enfin, après 1h passée à la douane, vient le moment de payer. Mais devinez quoi... La machine à sous ne fonctionne pas ! Conclusion, on entre en Alaska après avoir poireauter longtemps, mais sans payer. Ça nous convient !

Après la frontière et 3 jours de vélo, on croise notre premier "village", du doux nom de Chicken (il y a 2 cafés mais fermés et un magasin de souvenir, plus un poulet géant et c'est à peu près tout). S'ensuit 1 journée fastidieuse de up and down à n'en plus finir. Première journée difficile pour le moral en particulier où l'on n'a pas eu un seul kilomètre de plat : soit on roulait à du 6km/h, soit à du 40. Quel bonheur d'arriver à la jonction avec l'Alaska Highway, qui marque la fin de cette route. On aurait bien aimé trouver un petit glacier à cette intersection ou un café, une mini superette mais c'était dans nos rêves... (Thomas finit par racketter un couple de vieux en camping car, il s'en sort avec un jus glacé et 4L d'eau).

Par contre, après 4 jours de 1500m de dénivelé quotidien et des routes souvent en terre ou cailloux, quel bonheur de retrouver une route en macadam et plus ou moins normale ! Ça roule tout seul !

Jour 6, premier (et unique jusqu'à présent) jour de drache, on a roulé vite les 55km qu'il nous restait avant la frontière et Beaver Creek. Enfin un semblant de village, où l'on fait le plein d'énergie avec une bonne poutine (spécialité québécoise) et une soupe. Par contre notre dieu que les provisions sont chères dans la mini épicerie si on peut appeler ça comme ça ! On prend comme référence le prix du peanut butter : 8.75$ ^^ Par la suite nous faisons la connaissance de Pierre-André et de son fils Thomas partis voyager 2 semaines en Alaska. S'ensuit un apéro avec bières, viande fumée et trempée dans la moutarde de Dijon, merci les gars pour l'invitation, nous avons passé un super moment !

On rencontre notre premier autre cyclovoyageur, un Estonien qui a déjà de l'expérience en matière de voyage à vélo : de la Norvège à l'Afrique du Sud, en Russie,.. Là il prévoit, comme beaucoup d'autres d'aller de l'Alaska à Ushuaia. On ne pense pas se mesurer à lui et ses mollets et on le laisse partir à toute allure, sans penser le revoir. Finalement, on le dépasse 20-30 km plus tard, lors d'une de ses pauses et quand il nous rattrape à son tour, il décidera de s'incruster avec nous. C'est intéressant de parler un peu de ses expériences mais on n'a pas plus d'affinité que ça avec lui et le lendemain soir, on est contents de se retrouver à 2.

Jour 8, 3e journée difficile : on a le vent de face non stop, avec des rafales allant jusque 50 km/h ! On décompte les 85 km pour arriver à Burwash Landing, où un warmshower nous attend. (c'est un site internet pour les cyclovoyageurs, des gens chez qui tu peux prendre une douche, dormir ou planter ta tente dans leur jardin). Arrivés là, il s'avère que l'endroit où on peut loger est 15km plus loin, 15 km de plus à rouler contre le vent. On hésite mais on décide de se remettre en route, motivés par l'idée de pouvoir y manger un bout au petit resto de la pompe à essence, d'avoir une douche et un lit. On ne regrette pas ! Après 100km à affronter le vent, quel plaisir de manger un bon hamburger, et d'avoir un toit !

Enfin, notre dernier tronçon pour relier Haines Junction à Haines était magnifique. Pendant 3 jours, on a roulé entourés de montagnes et lacs, sans croiser presque aucune voiture. Le dernier jour, c'était dingue de passer en moins de 30km, des plateaux de toundra à 1000m d'altitude, à la forêt humide, 700m plus bas.

Après avoir passé sans encombres cette fois, la frontière américaine, on va demander dans une propriété si on peut planter notre tente sur leur terrain. Tish, toute souriante et super sympa, ne préfère pas à cause des nombreux ours qui rôdent.. Elle nous propose plutôt de dormir dans leur caravane qui sert de chambre d'amis avec un queen size bed, parfait. Elle et Dana, son mari, nous invitent à prendre le déjeuner chez eux le lendemain matin, avant de reprendre la route.

À 8h, on toque à leur porte, comme prévu. Ils nous ouvrent, tout souriants mais en pyjama et pas du tout prêts pour le repas. Ce n'est qu'après une demi heure qu'on réalise qu'il y a une heure de décalage avec le Canada et qu'en fait, on était à leur porte à 7h et non 8...oups!

Quel déjeuner ! On a été servi comme des rois, après nos 14jours de vélo et pour nos estomac gourmands ça faisait plaisir. Au menu, poisson frais, œufs, pommes de terre, toasts et confiture maison. Un régale, accompagné de gens charmants ! D'ailleurs on reste chez eux finalement toute la matinée, à parler de plein de choses et on repart avec des cookies fait maison et des mangues séchées pour la route.

Il nous reste 60km à pédaler. Pour les derniers kilomètres, nous tombons sur des travaux routiers et on ne peut pas les traverser en vélo. On doit donc embarquer nos vélos et nos sacoches dans une voiture pilote. On a l'impression d'être escortés, c'est rigolo et le sentiment d'être dans une voiture qui avance toute seule nous est étrange. Cela tombait bien, le vent commençait à se lever.

Haines, nous voilà ! 


Dédicace : tout grand merci à Rachelle et David de nous avoir conseiller cet itinéraire !