Bon, pour commencer, on aurait aimé appeler notre article "de la mer au sommet" ou encore "de 0 a 5000m " mais Mère Nature en a décidé autrement et comme le titre l'indique, le mal d'altitude a eu raison de nous, faute d'arriver au sommet. Mais là, on vous raconte déjà la fin, commençons par le début !


Le 14 décembre, nous quittons donc Mark et son vaisseau et réenfourchons Puduku et Maloku. Nous sommes enfin dans le "vrai" Mexique et tellement contents de remonter en selle. Ça commence fort, après quelques kilomètres à peine, nous passons à côté de... Crocodiles! Les premiers sont derrière une barrière symbolique qui s'arrête net dès la fin du parking, les suivants sont dans le ruisseau que la route traverse, sans obstacle entre eux et nous.

Si on vous raconte chaque journée depuis, on n'est pas sortis de l'auberge donc on va opter pour la version résumée.

Les 4 premiers jours de retour sur la terre ferme, on grimpe pas mal pour arriver à Guadalajara, 2e plus grande ville du pays. L'entrée dans la ville est bruyante et surtout stressante : on n'a pas d'autre alternative que de rouler sur l'autoroute (ou sinon c'est la route en sable aux allures coupe-gorge) et surtout lors des échangeurs et sorties, pour nous faibles cyclistes, c'est le cauchemar. On loge chez Oscar et Angeles, un couple rencontré en Baja California. On y passe une journée complète, temps pour Thomas de faire ressouder son vélo dont une partie du cadre avait cassé.

On reprend ensuite notre route vers notre prochaine étape à 3-4 jours de route : Guanajuato. En chemin, on trouve des routes alternatives assez sympathiques dont une qui nous fait atterrir par hasard dans un village inconnu des cartes de nos gsm : on a nommé Agua Negra. On y a l'occasion d'assister à une posada, tradition qui a lieu durant plusieurs jours précédant Noël, et de loger dans la paroisse.

En quittant le village on aura droit à un tronçon de route en mode cross et en s'arrêtant tous les 5m pour enlever la boue et les cailloux coincés dans le garde-boue de Manon l'empêchant d'avancer.

Quelques jours plus tard, on arrive à Guanajuato, ville aux façades colorées dans les montagnes. On apprendra plus tard que l'architecte qui a construit Louvain-La-Neuve c'est inspiré de cette ville, construite sur un réseau de tunnel et de rues souterraines. On a beaucoup aimé se perdre dans les ruelles pentues et multicolores de la ville.

Une trèèèès grosse montée et belle descente plus tard, arrêt suivant à Dolores Hidalgo, berceau de l'indépendance du pays. On y arrive le 24 décembre et on a la chance de vivre un Noël traditionnel en compagnie de nos hôtes, Elio et Galle et leurs enfants. Ici Noël se fête le 24 au soir et parfois toute la nuit et le 25, c'est repos. Chaque famille à un ou plusieurs (souvent plusieurs) enfant-dieu alias enfant jésus. Durant la soirée et la nuit, on passe de maison en maison bercer les enfants-dieux en chantant un chant typique. Après les avoir bercés, on les embrasse tour à tour et en échange, on reçoit des biscuits et bonbons. Comme on a embrassé presque 20 enfants jésus, on peut vous dire qu'on en a eu des biscuits ! En plus de ça, après le tour des bisous, on grignote des mets typiques: tamales (miam), sucreries (encore) et boissons comme le ponche. Et ça, dans chaque maison où l'on passe (on aura été dans 4). Heureusement qu'on se dépense en faisant du vélo !

Le 25, après un tour dans la ferme du frère de Elio, être montés à cheval et avoir droit à une thérapie sur cheval, on repart vers San Miguel de Allende. Il s'agit d'une autre ville très belle et colorée, aux rues pavées qu'on préfère parcourir à pied qu'à vélo ^^

On continue notre chemin de belle ville en belle ville et avec des petites journées en terme de kilomètres. La halte suivante sera à Querétaro, après une belle route de campagne, sur laquelle Manon à perdu un frein... Galère la descente jusqu'à la ville avec seulement le frein avant !

En parlant de mécanique vélo, pour la parenthèse, on sent que nos vélos et le matériel commencent à vieillir et subir les kilomètres. Les sacoches se cassent ou se trouent, le cadre de Thomas se casse, le frein de Manon l'abandonne, les dérailleurs sautent et tout ce qui est dans les sacoches montre des signes d'usure à force d'être secoué dans tous les sens et des vibrations. La tente a été également remplacée.


Parenthèse faite, à Querétaro, nous sommes accueillis chez Jean et sa famille, un ancien collègue de la maman de Manon. Ils nous amènent faire un tour dans la ville le soir (on avait oublié ce que c'est que les embouteillages et la galère pour se garer en voiture en ville) et au déjeuner, on a droit à des croissants presque comme en Belgique, le grand luxe ! Le lendemain on quitte assez tard cette famille belgo-mexicaine. Étant toujours en ville en fin de journée, nous décidons de payer notre premier hostel depuis 8 mois! C'est aussi l'occasion pour nous de prendre le temps de voir quelle route prendre pour la suite, on n'a aucune idée de par où continuer le lendemain !

Avant de se rendre à la capitale, on pase à Bernal, un "pueblo mágico" c'est-à-dire dire village magique mais aussi bourré de touristes mexicains, d'autant plus que ce sont les vacances. Pas trop notre truc du coup. Sur la route Manon a eu son premier pneu crevé en plus de 10 000km! Pour rejoindre México et éviter de revivre l'expérience de l'autoroute à Guadalajara, on décide de prendre un bus jusque là. D'autant plus que la capitale ne compte pas moins de 22 millions d'habitants et s'étend sur plus de 60 km...

Là-bas, on est accueillis par Alfonso et sa famille qui vivent en plein centre. Lors de nos 3 jours sur place, on en profite pour sillonner le centre, se culturer (oui oui) dans un musée très intéressant sur les civilisations préhispaniques et faire un crochet aux ruines de Teotihuacan. C'est aussi à México qu'on fête le passage à 2020. Après un repas plutôt calme chez nos hôtes, on prend congé pour aller en ville assister au concert gratuit des Angeles Azules ! C'est la foule et le groupe semble faire autant la joie des grands parents que des adolescents. Même si le public mexicain est moins chaud que le belge ! Une fois le concert terminé, on se fait embarquer en boîte par 4 jeunes qui nous servent tequila sur tequila.

Dernière halte avant de reprendre des distances un peu plus longues en vélos: Amecameca. On est sortis de Mexico en vélo, la ville n'en finissait pas ! Pendant plus de 30 km on n'a fait que rouler en pleine ville. Arrivés à Amecameca, 60 km plus loin, le contraste est fort : petite ville au pied de 2 volcans imposants, le Popocatepetl et Iztaccihuatl, alias la femme endormie. Respectivement les 2e et 3e plus haut sommets du Mexique. Le Popo est en activité de manière permanente ce qui rend toute ascencion interdite. La femme endormie quant à elle peut se faire grimper dessus. Vous l'avez compris, c'est ici qu'on boucle la boucle avec le début de l'article : on a tenté notre coup. Avec Erik, notre hôte et Aymeric et Hélène, 2 cyclistes français rencontrés plus tôt à la Paz, on enfile nos bottines, endosse le sac à dos et c'est parti. On part du camp de base à 3900m et on grimpe sec. Ça fait déjà du bien de se retrouver dans la nature et loin du bruit incessant qui nous entoure en permanence. Après une centaine de mètres de dénivelés, Manon commence à sentir le mal d'altitude. Mal de tête, nausée, vertiges. On approche toutefois du refuge à 4720m où l'on compte dormir avant de poursuivre l'ascension aux premières heures. On continue donc d'avancer en espérant s'acclimater pendant la nuit. A minuit, alors qu'un premier groupe quitte le refuge en grande pompe pour monter au sommet, Manon ne va pas bien du tout, Thomas n'est pas chef non plus, on décide donc de rebrousser chemin, à la lampe frontale au milieu de la nuit. Le sommet sera pour une prochaine !

Le lendemain, on remonte vers le paseo de Cortés, entre les 2 volcans mais en vélo cette fois : 23km et 1200 m de dénivelé positif, c'est sport ! Mais on trouve notre rythme, notre respiration et on y va. L'altitude ne facilite pas les choses mais après quelques heures, nous voilà au col, à 3690m de haut. Contents d'être en haut et facile de redescendre ? C'est sans compter la route en sable et pierres qui nous attend, où l'on fait plus du cross avec des bicyclettes de routes chargées, les mains attrapent des crampes à force de serrer les freins, mais on kiffe grave malgré tout. Après 15km ainsi on est tout de même bien content de retrouver une route en asphalt.

Durant ce mois, nous avons dégotté toutes sortes de logements, certains plutôt cocasses. Nous pouvons par exemple citer : une clinique vétérinaire, un centre de sans abris (notre première nuit séparés : dortoirs non mixtes) et une nuit à la police avec les vélos en cellule. Nous avons également partagé la chambre d'hôtel d'un groupe de géologues et participé à leur fête de fin d'année.

Sinon la plupart des jours, on demande à l'habitant si on peut planter notre tente sur leur terrain. Ce qui nous permet de rencontrer plein de locaux !


Nous avons aussi été très heureux les 2 jours où il a plu (enfin surtout le premier) : on se disait qu'on ne transportait pas nos habits de pluie pour rien, en plus d'avoir un petit souvenir du temps belge. Pareil tous ces jours-ci plus haut en altitude, où on a pu ressortir nos vêtements chauds.


Pour terminer sur une touche gustative, on découvre plein de nouveaux plats, fruits et légumes. Notre top 1 de légume est la jicama et notre fruit vainqueur est la goyave.

On mange de plus en plus piquant chaque semaine, préparez-vous quand on vous préparera à manger à notre retour, ça va chauffer ! D'ailleurs, pour vous illustrer la notion du piquant des mexicains, voici 2 exemples :

- leurs bonbons sont enrobés de piment /piquant. Ainsi les enfants sont habitués dès leur plus jeune âge.

- un jour en mangeant à l'extérieur on voit au menu un "pimiento relleno". On demande au gars si ça pique fort et il nous répond d'un air surpris: "piquant ? Mais non, ce n'est qu'un piment !"

Nous nous dirigeons maintenant vers Oaxaca et allons retrouver la côte dans quelques jours. La suite de nos aventures prochainement !