La course contre la montre commence. Dans 9 jours, nous avons rendez-vous au Costa Rica avec Louis et Mayliss, le frère de Manon et sa copine.


On quitte donc le Guatemala, les jambes courbaturées comme on ne l'avait encore jamais eu de tout le voyage. Notre hypothèse est que le massage à l'hôtel nous a fait beaucoup de bien mais que nos muscles ont été mis à contribution.

Nous traversons El Salvador en 4 jours. A la frontière, on prend notre température et nous questionne sur les pays où nous étions les 30 jours précédents. Le coronavirus n'a pas encore fait son apparition en Amérique Centrale mais El Salvador est probablement le pays de la région qui a le plus anticipé et pris des mesures de sécurité rapidement. Pour parcourir le pays, nous suivons la route la plus proche de la côte, le chemin le plus sûr dans ce pays réputé pour être dangereux. On ne s'arrête pas beaucoup à part pour se rafraîchir dans l'océan de temps en temps. En effet nous sommes dans la zone la plus chaude d'Amérique centrale, on sue même sans rien faire !

Autant nous ne sommes pas de grands consommateurs de soda, ces jours-ci on ne résiste pas à en acheter une grande bouteille chaque jour.

Une nuit nous sommes accueillis chez Valérie de warmshower, une franco-canadienne qui vit là la moitié de l'année, fuyant le froid hivernal du Canada. S'arrêter chez elle est comme un oasis au milieu du désert. Elle a une piscine dans laquelle on se rafraîchit des heures, comme des lézards desséchés nécessitant de se réhydrater. Son jardin donne sur l'océan. On passe une bonne soirée avec elle, son compagnon et un de leur ami, autour d'un bon hachis parmentier revisité et d'un verre de vin. Ça faisait longtemps !


Notre dernier jour à El Salvador et le premier jour au Honduras auront été mouvementés. Le porte-bagage avant de Thomas rend l'âme. On parvient à garder une de ses sacoches accrochée et Manon se charge de la 2e. En plus de cela, Tom crève 2 fois consécutives et notre chambre à air de secours rend l'âme. Le destin choisit ce moment pour qu'un clou s'enfonce dans le pneu de Manon et mène ainsi au 2e pneu crevé de tout le voyage pour Maloku. C'est la fin de la journée et nous sommes à moins de 3 km de la frontière. On trouve une adorable famille où camper et réparer la chambre à air. Sauf qu'après avoir réparer 2 grands trous, on se rend compte qu'il y en a... Des dizaines de minuscules ! Évidemment qu'il soit grand ou petit, un trou c'est un trou... Mais nous n'avons plus de chambre à air de rechange et l'endroit le plus proche où potentiellement en trouver une est à plus de 30 km et qui plus est, de l'autre côté de la frontière !

Notre hôte sort alors une flopée de vieilles rustines et propose de reboucher chaque trou un à un . Il n'y a pas des milliers d'autres options ainsi Manon passe des heures à repérer et boucher les trous pendant que notre hôte pompe pour aider à les repérer. Une 20aine de rustine plus tard, on pense être venus à bout du problème. Nos hôtes sont très intéressants, ils font partie des nombreux salvadoriens et honduriens à être partis vers les usa à pied, avec d'autres migrants (caravane). Ils ont fait le choix de rentrer dans leur pays après quelques années pour être pauvres mais en famille plutôt que d'avoir de l'argent mais la famille séparée.

Le lendemain, on s'en va donc pour le Honduras. Notre réparation de fortune va-t-elle tenir? Déjà à la douane, un petit coup de pompe s'avère nécessaire. Allez chambre à air, encore 30km à tenir ! Elle tient 8 km avant de nécessiter être gonflée à nouveau , puis 5, puis 3 puis... Jusqu'à ne même plus savoir rester gonflée plus de 500m. Il reste encore 10 km avant d'arriver à notre plausible solution. Un petit autostop s'impose donc pour y arriver.

Au magasin de vélo, ils n'ont pas la chambre à air idéale mais une plus fine qui fera l'affaire. Ouf, on peut continuer d'avancer !

Niveau sécurité, le Honduras est réputé encore plus dangereux que El Salvador. On continue donc à rouler sur les routes principales, ce qui ne rend pas le trajet des plus agréables. En plus tout est jauni et sec autour de nous, et on a toujours aussi chaud. Le soir on veut se réfugier chez les pompiers comme souvent mais mauvaise surprise, ils ne peuvent plus accueillir de cyclistes pour le moment, faute d'espace. Heureusement un hôte warmshower nous ouvre sa porte en ultra dernière minute.


Plus qu'un jour avant d'atteindre le Nicaragua. Pour cette portion, on recommence à monter, ce qu'on n'avait plus fait énormément depuis le Guatemala. La route est moins fréquentée et le trajet en est plus agréable. Mais la malchance des pneus poursuit Thomas qui crève à plusieurs reprise, parfois sans raison apparente. Malgré cette infortune, on atteint la frontière en fin d'après midi et pédale encore jusqu'à atteindre la petite ville de Somoto où la Croix rouge nous ouvre ses portes. On aura traverser le Honduras en 2 jours.


El Salvador et Honduras sont réputés pour être dangereux mais de notre côté, en ne prenant pas de risque et en restant sur les grands axes, nous n'avons pas eu le moindre problème, ni sentiment d'insécurité.


Il nous reste un dernier jour de vélo avant longtemps. D'autant plus au moment où l'on écrit cet article, on sait désormais que cette pause va être bien plus longue que prévue, merci pangolin. Nous pédalons jusqu'à Esteli où vivent les parents de Diego ( l'ami de Manon qu'on a vu à la fin de notre passage au Mexique).

Frédéric et Tamara, les parents en question nous ouvrent leur porte malgré la période difficile qu'ils traversent. En effet la situation politique du pays est plutôt mauvaise : il s'agit d'une dictature et tout acte de manifestation, toute personne opposée au régime est priée de se taire. Mais la famille ne se laisse pas faire, en particulier leur fille, Amaya, fervente opposante du parti qui a malheureusement été emprisonnée à 2 reprises.. Depuis la famille n'a pu retrouver une vie normale, Amaya contrainte de vivre cachée, eux ayant été agressés, les paramilitaires patrouillant devant leur maison dès que leur fille y est.. Quelle histoire ! Par contre si on visite le pays et qu'on y passe en touriste, cette réalité ne se voit pas et on ne se rend pas compte de ce qu'il se passe.


Nous avions pris l'habitude de traverser un pays en 3 mois voire plus et voilà que en un mois, nous avons été dans 5!


Maintenant que Puduku et Maloku ont un endroit où se reposer, on les laisse tranquilles et on s'apprête à continuer notre voyage en sac à dos et en bonne compagnie.



El Salvador en chiffres :


-Nombre de jours passés au El Salvador : 4

- Nombre de jours de vélos : 4

- Nombre de kilomètres roulés :351,67 km

- Nombre d'heures en selle: 18h02

- Dénivelé positif : 2781 m


-Budget: 10€/jour/pers


Le Honduras en chiffres :


-Nombre de jours passés au Honduras : 2

- Nombre de jours de vélos : 2

- Nombre de kilomètres roulés : 155, 32 km

- Nombre d'heures en selle: 9h50

- Dénivelé positif : 1898 m


-Budget: 7, 22€/jour/pers